Rencontres dans la neige

Yuko Ichihara

Le Pic Vertigineux – La chaîne d'Ayalamith – Edälia.

La nuit, les étoiles et la Lune.Le vent agitait les feuilles des arbres, les faisant frissonner. Une lumière s'alluma, celle de la salle principale. Un petit tas de poils noirs bondit sur le bar tandis que la jeune femme échouait aux côtés du meuble. L'enseignante prit un petit verre de porcelaine bleu et blanc, avec quelques dessins en relief tout autour, sortit une bouteille d'environ vingt centimètres, au décor semblable à celui du verre et se servit sous le regard désapprobateur du rongeur. Elle prit un gâteau et croqua dedans, faisant descendre le tout avec une gorgée de saké. L'alcool lui brûla la gorge sans qu'elle y fasse attention, elle avait l'habitude... C'était son petit rituel et petit déjeuner du matin.

Elle se prépara ensuite, enfilant une longue robe dont l'intérieur était recouvert de fourrure pour lui tenir chaud. Rem grimpa sur son épaule et elle quitta ses appartements. Alors qu'elle se dirigeait vers le hall d'entrée, une multitude de souvenirs revinrent à elle. Elle se revoyait, quelques mois plus tôt, en compagnie de Mlle Denara, Lean Denara. Elle avait fait connaissance avec la jeune femme qui était professeur de runes et se souvenait lui avoir fait part de son envie d'avoir un gardien, pour veiller sur elle et sur Rem... Sa collègue avait parut réfléchir tout en hochant la tête et en lui disant qu'elle verrait ce qu'elle pourrait faire... Et elle l'avait revue la veille... Alors qu'elle retournait à ses appartements. La jeune professeur lui avait tendu un coffret contenant une dizaine de bagues différentes, et ce fut intuitivement que Yuko en saisie une. Elles échangèrent quelques mots, un prochain rendez-vous où Lean donnerait la formule d'invocation au professeur d'élément et quelques conseils pour rentrer en contact avec l'esprit du gardien. Elles s'étaient saluées et la femme à la peau blanchâtre était arrivée ici, dans le hall, portée par ses pensées.

Ils faisaient une sortie aujourd'hui, et pendant quelques jours. C'était normalement les vacances, beaucoup d'élèves étaient rentrés chez eux, certains étaient restés car ils le souhaitaient, d'autres car ils n'avaient pas le choix. Parmi eux, une quinzaine avait souhaité participer à sortie, une sortie pour la chaîne d'Ayalamith, grande ombre lointaine et rassurante qui planait sur le continent... Trois de ses collègues l'accompagnaient: Mlle Celeb, professeur de l'Esprit; Mlle Akuma, professeur de l'Ombre; Mlle Hakujin, professeur de découverte... Cette dernière était une des rares "amies" qu'elle s'était faite ici, enfin connaissance était peut-être plus juste, après tout elles n'avaient pas tant échangé que ça... Toujours est-il que les quatre jeunes femmes accompagnèrent les élèves en sortie.

Après plusieurs jours de marche ils parvinrent enfin à la chaîne de montagnes. Celles-ci étaient impressionnantes, beaucoup plus imposantes que de loin... Rem s'était réfugié dans la capuche de Yuko pour se protéger du froid tandis que l'enseignante gravissait la montagne accompagnée des autres. Ils montèrent encore quelques jours et finirent par établir un campement au milieu de la montagne. Là, le lendemain, ils se divisèrent en quatre groupes. Avec elle, pour continuer au Pic Vertigineux, quatre élèves se levèrent, dont une jeune fille de l'Esprit, Myrrh, avec qui elle avait échangé quelques mots pendant le voyage. Deux autres venaient de la terre et le dernier appartenait à l'eau. Ils passèrent une dernière nuit au campement et dès les premières lueurs, débutèrent leur montée.

Durant leur ascension, la jeune femme ne cessait de penser à sa bague rangée dans la poche de son long manteau. Ses cheveux claquaient dans le vent derrière elle et c'est bien plus tard qu'ils arrivèrent à une grotte. Ils installèrent leur nouveau campement. Ils étaient bien ici... A l'abri des intempéries et du vent... Une seule inquiétude restait dans l'esprit de Yuko, la présence d'une créature peu sympathique... Ce n'était pas un problème pour elle, si elle avait été seule... Mais en compagnie d'élèves cela devenait plus embêtant... Elle devrait les protéger, chose qu'elle avait horreur de faire... Elle se souvint des paroles de sa vieille tante: *On ne doit pas aider les autres... Si ils ne peuvent pas se débrouiller seuls c'est qu'ils sont faibles... Et les faibles n'ont pas de place dans ce monde !*

Ils dormirent jusqu'au petit matin, et quand Yuko ouvrit les yeux, Myrrh préparait déjà son petit déjeuner. Un sourire moqueur se peignit sur ses lèvres. Elle attendit que les élèves soient entrain de manger avant de prendre la parole:

- Bien, écoutez correctement mes instructions, je ne me répéterai pas... Durant notre ascension j'ai laissé un marquage pour que s'il arrive quelque chose vous puissiez redescendre sans moi... Je ne veux pas vous faire prendre de risque. Avez-vous des questions ?

- Oui, moi j'en ai une ! Déclara Myrrh en levant la main. Pourquoi vous nous dites ça ? On ne risque pas grand chose ici, non ? Y a pas grand monde qui vit dans un endroit pareil...

- Eh bien si, il y a plusieurs créatures dans cette région qui sont dangereuses... Donc on ne sait jamais...

Elle lança un regard entendu et commença à tendre la main vers un morceau de pain qu'ils avaient pris quand un rugissement monstrueux, et ce fut le cas de le dire, retentit. La jeune femme analysa brièvement la situation et dirigea les élèves vers la sortie. De toutes façons, c'était leur seule issue et elle ne pouvait pas se permettre d'affronter un quelconque monstre avec des enfants dans les pattes. C'est alors qu'elle entendit la jeune fille de l'Esprit crier.

- Arrêtez ! N'allez pas là ! Le monstre est vers l'entrée !

Elle stoppa ses élèves, regarda la quatrième avec un regard étrange et avant qu'elle puisse esquisser un geste le yéti était là. Sans réfléchir, Yuko envoya un fort coup de vent vers les élèves de la terre et de l'eau. Ils tombèrent dans la neige, retenus par l'air devenu épais. Puis elle se jeta sur la créature couverte de poils blancs; comme si elle avait des poignards dans les mains. Ce n'était pas totalement faux... Les deux lames d'air coupèrent quelques poils alors que le monstre évitait le coup. Malgré sa carrure imposante, il était relativement agile. L'aigle gardien de Myrrh attira son attention et la jeune femme envoya une tornade sur le yéti qui fit quelques pas en arrière... Mais derrière lui, Myrrh fut emportée et tomba. Yuko se précipita au bord de la falaise abrupte que la caverne surplombait... Trop tard. Myrrh était déjà tombée et hors de vue...

Alors la professeur d'élément sembla danser au milieu des tourbillons qu'elle faisait s'élever, le yéti se précipita sur elle tandis qu'elle lui envoyait tour après tour les cinq mini tornades. Le colosse s'écrasa contre la paroi de la grotte et, après avoir repris ses esprits, fonça de nouveau sur Yuko qui l'évita, faisant claquer son manteau dans l'air, et qui profita de l'élan du monstre pour y ajouter une poussée d'air. Contre son gré la créature fut précipitée dans le vide, comme l'élève de l'Esprit quelques instants avant, mais avec à sa suite la jeune femme. Surprise, elle n'eut pas le temps de réagir que déjà il l'emportait avec elle... Tout ça à cause de ce fichu manteau...

Elle tomba... Combien de temps cela dura ? Elle n'en savait rien... Rem dans sa capuche se cramponnait du mieux qu'il pouvait, et dans un faible espoir de survie, Yuko protégea sa tête de l'impact... Contact.

Ses hanches heurtèrent en premier le sol, son bras gauche puis sa tête avec un craquement sinistre. Elle se sentit rouler, de plus en plus vite, le long de la pente, sentant la neige s'insinuer dans ses vêtements, les pierres griffer son visage. Elle ne savait pas ce que Rem subissait, était-il seulement en vie ? Oui... C'était une certitude, le lien était toujours présent dans son esprit. Quand la course s'arrêta enfin,Yuko sentit la douleur, comme un pic planté dans sa hanche, remontant avec force le long de son bras écrasé par son corps.

Elle se tourna sur le dos et ouvrit les yeux. D'épais nuages blancs obscurcissaient le ciel bleu... Les montagnes étaient là, partout autour d'elle... Sans qu'elle les reconnaisse... Elle voulut bouger, en vain. Son corps refusait de répondre, un sentiment de détresse l'envahit. Elle ne se sentait pas à sa place... Une sensation étrange la submergeait... Cette sensation totalement folle d'avoir quitté son monde... Rem sortit de la capuche, étourdi, et se plaça devant Yuko.

- De l'aide... Je vais chercher de l'aide...

Et elle le vit s'éloigner, la laissant étendue dans la neige, dans un endroit qui lui semblait totalement étranger...

Alice Tao

Bois de Boulogne – Paris – France.

Alice parcourait son immense appartement parisien, rêveuse. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle ferait aujourd'hui... Pas grand chose sûrement... Aucun cours à suivre avec Mélina, les étudiants étaient en vacances depuis une semaine... Rien du côté de Mina, le mardi était la journée de repos de la jeune femme... Et elle n'avait pas eu de client hier, donc rien à faire pour elle non plus... Elle se laissa tomber langoureusement sur son canapé, sa fine robe de soie dessinant parfaitement la moindre de ses courbes... Petit à petit une occupation lui venait à l'esprit.... Elle saisit son portable dernier cri, laissa jouer ses longs doigts fins sur l'écran jusqu'au nom de Pierre et porta le téléphone à son oreille. Il était probablement occupé... Qu'importait ce détail, d'un claquement de doigts Alice pouvait le faire abandonner n'importe quelle occupation... Comme pour tous les autres hommes... Au bout de trois sonneries quelqu'un décrocha, une femme...

- Allô ?

- Oui bonjour... Puis-je avoir Pierre s'il vous plaît..?

- Qui est au téléphone ?

- Une amie...

Un étrange sourire s'étira sur les douces lèvres de la jeune femme. Elle savait que la personne était la femme de Pierre... Comment le savait-elle ? Disons simplement qu'elle avait le flaire pour ces choses là... Elle entendit des voix de l'autre côté puis plus distinctement celle de son amant.

- Allô ?

- Salut... C'est Alice...

- A-Alice ?! Pou-Pourquoi tu m'appelles ? Y a un problème ?

- On peut dire ça... Je sais pas quoi faire là... Je suis toute seule chez moi et je me disais qu'un peu de compagnie me ferait pas de mal... Alors je t'ai appelé...

Un léger silence lui servit d'abord de réponse. Sa voix était emprunte de désir, Pierre n'avait dû avoir aucun mal à la comprendre... S'il ne répondait pas tout de suite elle se doutait que c'était pour réfléchir à un moyen de partir sans sa femme... Il ne pouvait rien refuser à sa maîtresse, et s'il l'avait fait, elle se serait fait un plaisir de le tuer...

- Ok.... Je suis là dans... 10 minutes, ça ira ?

- Dépêche-toi !

Et elle raccrocha, un sourire satisfait aux lèvres. Le jeune homme était un bel individu au teint basané, aux yeux azurés et aux cheveux d'or... Et surtout un superbe coup au lit, elle aurait été contrariée de devoir s'en débarrasser... Cela aurait été du gaspillage... Alice se leva et se dirigea vers la salle de bain. Elle se glissa sous la douche, se savonnant avec soin. Lorsqu'elle sortit, sa peau luisait de façon sensuelle... Elle saisit un string en dentelle noir accompagné d'un corset assorti. Elle enfila des bas en résille et chaussa des talons aiguilles. Après s'être soigneusement maquillée, juste ce qu'il fallait pour être comme Pierre aimait, elle ressortit de la salle d'eau et alla s’asseoir sur le bar. La jeune femme n'eut pas à attendre longtemps que l'on sonne à la porte. Elle alla ouvrir, découvrant Pierre et le laissant la dévorer du regard. Elle tourna les talons et le laissa refermer derrière lui. Elle s'allongea sur le canapé de manière provocante, la pauvre jeune homme ne pouvant rien faire d'autre que de se jeter sur elle...

Quelques heures plus tard, allongée dans les bras du beau blond, Alice regardait autour d'elle. Son amant venait de finir, s'endormant paisiblement. Elle avait besoin de sortir, s'aérer l'esprit... Elle se dégagea doucement, saisissant ensuite un papier où elle nota au jeune homme qu'il pouvait encore rester un moment s'il le souhaitait, à condition qu'il referme bien à clef une fois qu'il partirait et de laisser celles-ci dans sa boîte aux lettres. Elle remit ses sous-vêtements et sa robe de soie rosée, chaussa de grandes bottes de cuir et quitta l'appartement. Arrivée au bord de l'immense avenue des Champs-Élysées, elle se glissa jusqu'au parking privé, saisit son casque de moto rouge et se dirigea vers le bolide. La Triumph, une Daytona 675R rouge, était garée près de l'entrée. La demoiselle passa son casque et enfourcha sa monture. Le moteur émit un grondement qui fit frémir Alice de plaisir, et elle partit en trombe. La moto se faufilait avec agilité entre les voitures, suivant la moindre inclinaison de la jeune femme. Sa vitesse continuait de grimper... 140... 160... Les immeubles défilaient devant elle mais la démone ne ralentissait pas, jusqu'à ce qu'elle arrive à destination. Elle coupa le moteur et descendit, posant son casque sur son siège.Sécurité oblige, Alice prit quelques couteaux de lancer en plus des armes qu'elle avait sur elle et rentra dans le bois de Boulogne.

Un sourire moqueur s'affichait sur son visage, accompagné d'un regard dédaigneux envers les prostituées qu'elle croisait. Alice vouait une haine profonde envers ces femmes, sans vraiment savoir pourquoi... Son sang de succube devant expliquer beaucoup... Elle longea les chemins pendant un moment puis coupa dans la pelouse. Ce qu'elle cherchait était à l'abri des regards indiscrets et tout le monde ne pouvait pas y accéder... Quand avait-elle décidé de se rendre aux Enfers ? Pendant ou après ses ébats avec Pierre ? Elle ne savait plus, mais ce n'était pas le plus important. Après quelques instants de recherche elle trouva enfin la grotte qui faisait le lien entre les deux plans. Elle prit une grande inspiration et pénétra dans la caverne, sombre et humide. Elle descendit une légère pente, tourna à droite, continua sur quelques mètres et finit par apercevoir la sortie. Mais au fur et à mesure que le paysage se dessinait devant elle, elle se rendait compte que la grotte ne débouchait nullement aux Enfers... Devant elle se dressaient les fières montagnes de Kyrites...

Aléa O'Donnell

Poudlard – Écosse – Royaume-Uni.

Le vent soufflait violemment en cette matinée de fin d'été. Le soleil, doucement, se levait sur le paysage écossais qui s'offrait à lui. Son reflet orangé miroitait sur la surface lisse du lac, la silhouette imposante d'un château se découpait dans le ciel matinal. Tranquillement, Poudlard se réveillait.

Dans le dortoir des Serpentards, Aléa s'étirait dans son lit. Elle regarda les autres élèves qui dormaient encore et laissa échapper un léger soupire. Comment pouvaient-ils dormir encore un long moment sans le regretter... La jeune fille se leva et alla dans la salle de bain, sans avoir oublié sa baguette en quittant le dortoir. Un étrange sourire apparut sur ses lèvres en pensant à Maeve... Était-elle encore entrain de dormir comme ces larves qu'elle venait de quitter, ou s'était-elle levée, comme elles en avaient l'habitude au manoir ? Tout en étant plongée dans ses pensées, Aléa s'actionnait: coiffage, lavage, habillage. Elle lança un dernier regard dans le miroir. Une jeune femme à la peau pâle habillée d'une robe de sorcier où l'emblème représentant un serpent était cousu la regardait. Une lueur satisfaite sembla éclairer ses yeux et elle quitta la salle commune des verts et argents.

Ses pas résonnaient dans le couloir, peu de «sorciers» étaient debout et se fut avec plaisir qu'elle ne croisa quasiment personne. Aléa ne comprenait pas... Pourquoi tout le monde restait-il endormi ainsi ? Ne savaient-ils pas tous que l'avenir appartenait à ceux qui se levaient tôt ? Que les sangs de bourbes l'ignorent tout comme les moldus, cela elle comprenait, mais les sorciers ! Étaient-ils dénués de cervelle !? C'était la seule explication...

La sorcière était à présent dans le parc de l'école magique, d'un côté se dressait le Saule Cogneur, qui amusait la jeune femme, et de l'autre, au loin, se dressaient fièrement les gradins du stade. Un large sourire illumina le visage harmonieux de la Serpentard, elle pressa le pas. Elle fut rapidement arrivée devant les lourdes portes. Comme toujours, elles étaient fermées, comme interdites à ceux qui voulaient pénétrer dans son antre. Aléa sortit sa baguette. 22 cm, en bois de poirier et avec une plume de phénix à l'intérieur, la baguette de la jeune femme l'avait choisie quelques années auparavant, lors de son passage dans le chemin de traverse... Avec un petit sourire, Aléa souffla le sort:

- Alohomora.

Le cliquetis de la serrure se fit entendre quelques secondes puis le silence retomba. La jeune sorcière poussa la porte et pénétra dans le stade, prenant la direction des vestiaires. Elle troqua sa tenue de sorcière contre sa tenue d’attrapeuse: un pull vert et argent, surmonté d'une longe cape aux mêmes couleurs, un pantalon beige... et l'indispensable, des protections aux avants bras et aux jambes. Une fois prête, elle glissa sa baguette dans sa botte et se dirigea à l'autre bout du vestiaires. Elle ouvrit un vieux coffre poussiéreux, et après avoir fouillé quelques instants elle sortit son Éclair de Feu. Le manche parfaitement lustré, la queue en ordre, l'éclair de Feu était flambant neuf malgré les années. Aléa referma le vieux meuble et sortit, balai à la main.

Arrivée sur le terrain, la sorcière enfourcha sa monture volante qui s'éleva de quelques mètres. Un sourire malicieux se peignit sur le visage pâle de la jeune fille et elle plongea sa main dans sa poche. Venir ici sans but n'aurait pas été amusant, et c'est pourquoi l’attrapeuse ressortit de sa poche une petite boule d'or, comme elle faisait depuis maintenant quatre ans. La boule déploya ses deux fines ailes et déjà elle était entourée d'un flou doré. La Serpentard lâcha le Vif d'or, qui après quelques instants immobile partit comme une flèche sous le regard amusé de son prédateur: La chasse allait pouvoir commencer.

Aléa enchaînait les figures en même temps que sa course poursuite avec le Vif d'or. Celui-ci zigzaguait, descendait en piquée, remontait en chandelle... Le tout parfaitement imité par la jeune femme qui rajoutait par endroit une figure ou une autre, plus ou moins dangereuse. La chasse avait commencé depuis plusieurs minutes, combien exactement Aléa l'ignorait et à vrai dire, s'en moquait. Pour elle, l'essentiel était de s'entraîner.

Les entraînements hebdomadaires ne lui suffisaient pas, il fallait s'entraîner dur pour pouvoir battre chaque équipe, et la simple hypothèse de la défaite lui était insupportable. C'est pour cette raison qu'elle avait pris l'habitude d'aller en cachette chercher le Vif d'or et de s'entraîner chaque matin. Bien sûr, elle aurait pu se faire attraper mais elle s'arrangeait toujours pour que tout soit remis en ordre sans que personne ne s'en rende compte. Elle espérait que cette année, la maison du serpent gagnerait aussi bien la coupe de quidditch, qui était sa responsabilité en tant qu’attrapeuse, mais également la coupe des quatre maisons. Elle ne supportait plus, et d'ailleurs n'avait jamais supporté, que les Gryffondors obtiennent cette coupe... Et toujours grâce à ce sale Potter et ses amis qui aidaient l'école. Mais cette année les choses allaient changer ! Potter, Weasley et leur amie sang de bourbe ne seraient pas là pour rapporter des points de dernière minute, et cette fois, les Serpentards allaient battre tout le monde ! Désolé pour Maeve et ses Serdaigles, mais cette année, la coupe serait réservée aux Sangs-Purs de Poudlard...

Tout en songeant à ses futures victoires, Aléa se rapprochait du Vif d'or à vive allure. Elle se coucha encore plus sur le manche de l’Éclair de Feu qui accéléra une fois de plus. La balle dorée commença à slalomer autour des piquets des buts, et monta à toute vitesse au niveau des cerceaux. La sorcière poussa sa monture et, arrivée à hauteur du cercle d'or, voyant son objectif de l'autre côté, elle s'engouffra dans l'anneau à pleine vitesse...

La jeune femme stoppa net. Le Vif d'or avait disparu... Tout comme les anneaux présents quelques secondes auparavant autour d'elle, et le stade. Aucune tribune, aucun sable fin à ses pieds ni de tendre gazon. Le calme paysage écossais avait cédé sa place... A un paysage aux montagnes abruptes, aux sommets enneigés...

Aléa pivota pour scruter les horizons, mais rien n'y faisait... Elle n'était plus à Poudlard...

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